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2021-06-19 06:00

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Alélor relance la culture des cornichons en Alsace

Le fabricant de moutarde et de raifort Alélor veut réintroduire la culture du cornichon en Alsace, avec l’objectif de monter une filière locale. La ferme Maurer de Dorlisheim lui prête main-forte et la première récolte est attendue mi-juillet.

 
Isabelle NASSOY - 19 juin 2021 à 06:00 - Temps de lecture : 4 min
 
 
Alain Trautmann, patron de l’entreprise Alélor, veut relancer la culture du cornichon en Alsace, pour avoir un approvisionnement local.  Photo DNA /Franck KOBI
 

Aujourd’hui, 100 % des cornichons utilisés par la PME de Mietesheim pour les pickles, ces légumes aigre-doux en conserve, proviennent d’Allemagne. « Mais bientôt, ils viendront d’Alsace », promet Alain Trautmann, directeur d’Alélor. À l’Interprofession fruits et légumes d’Alsace (Ifla), il a réfléchi avec l’agriculteur Pierre Maurer au moyen de relancer le cornichon au niveau local.

 Abandonnée en 1994

La ferme Maurer possède un savoir-faire sur ce produit. Elle fournissait Alélor (entre autres) jusqu’en 1994. Mais la culture du cornichon est techniquement contraignante et surtout « les coûts de main-d’œuvre sont élevés » en raison de son caractère manuel. L’Alsace y a renoncé voilà plus de 25 ans. Elle y revient aujourd’hui en s’appuyant sur le tandem producteur-vendeur.

Il faut dire que le marché est porteur. Le cornichon fait un tabac à l’apéro, avec un plateau de charcuteries. « Il se décline dans tous ses états : en rondelles dans le snacking, en cubes ou en lamelles dans les salades, en sticks à l’apéro » déroule Alain Trautmann. Et puis, la crise sanitaire a suscité un appétit pour les circuits courts et le consommer local.

Le légume-tapas a le vent en poupe. La France consomme 30 000 tonnes de cornichons par an, importés à 98% d’Inde, premier producteur mondial devant la Turquie, avec plusieurs récoltes dans l’année et une main-d’œuvre peu chère.

Depuis 2016, le cornichon a été réintroduit dans les Pays de Loire avec une dizaine de producteurs qui font 400 tonnes à l’année, une paille par rapport aux volumes croqués dans l’Hexagone. Autant de bonne raisons de vouloir le réimplanter en Alsace. Sans compter qu’Alélor, qui travaille avec des agriculteurs alsaciens pour la moutarde (lire ci-dessous) et le raifort, est attachée à la préservation des produits régionaux. L’entreprise défend une stratégie de filière de la production à la commercialisation, et en a fait un axe fort de sa communication.

 

Aujourd’hui, les cornichons conditionnés par le fabricant de condiments de Mietesheim viennent d’Allemagne.   Photo DNA /Franck KOBI
 

Pierre Maurer, dont le point de vente à Dorlisheim distribue les produits de la marque Terres Rouges d’Alélor, avait à cœur de réimplanter le cornichon en Alsace. Il lui a affecté une surface de 7 hectares en bio. « Les cornichons ont été plantés en mai et la première récolte se fera dans la première quinzaine de juillet. En retard avec la météo qui a joué les trouble-fête. « Le cornichon ne supporte pas le froid ni l’humidité ». Le producteur s’est équipé d’un matériel spécial, un porte-cueilleurs permettant de ramasser les cornichons qui poussent à ras du sol. « Pour cette campagne-test, on espère récolter 35 tonnes de cornichons à l’hectare », dit Alain Trautmann.

Une usine de transformation

Cette année, Alélor sortira 50 000 bocaux de cornichons d’Alsace aigre-doux bio. Elle a dû trouver un prestataire extérieur pour le conditionnement et la pasteurisation du produit. Mais l’entreprise et la ferme Maurer ont le projet commun de construire une usine de transformation près des champs. « Un site de proximité permet de garantir la fraîcheur du cornichon qui doit être conditionné dans les 72 heures suivant la cueillette », fait valoir Pierre Maurer. L’investissement est estimé à 2,5 millions d’euros et les deux partenaires comptent bien obtenir une aide de la Région au titre du plan de relance. L’outil pourrait être opérationnel pour l’été 2022, et rentabilisé grâce à une utilisation pour le conditionnement d’autres légumes.

 

Repères

1873 : création de la moutarderie Alélor par les frères Stumpf à Lingolsheim

1956 : fondation de Raifalsa pour la production de raifort à Mietesheim

1992 : création de la coopérative Alsaraifort soutenue par la chambre d’agriculture

1997 : rachat de Raifalsa par la famille Trautmann

2006 : acquisition d’Alélor par Raifalsa, et déménagement de la moutarderie à Mietesheim

2009 : fusion des deux marques

2015 : achat de « Domaine des Terres Rouges », marque dédiée aux épiceries fines.

Alélor aujourd’hui, c’est trois activités : la fabrication de moutarde (40%) avec 1 100 tonnes par an, de raifort (30%) avec 150 tonnes par an, le conditionnement de pickles.

Effectif : 20 personnes

Chiffre d’affaires : 4 millions d’euros sur les marques Alélor et Raifalsa, en progression de 10 % sur les 12 derniers mois grâce aux nouveautés comme la mayonnaise, au développement des ventes en circuit court et de la bonne tenue de la grande distribution.

Marché : Alsace et Grand Est.

 
 
 

 

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